
Fulcanelli est un personnage mystérieux et énigmatique qui aurait vécu en France au début du XXe siècle. Il était connu pour ses connaissances approfondies en alchimie et en hermétisme, et pour ses écrits ésotériques « Le Mystère des Cathédrales » (Paris, 1926) et « Les demeures philosophales et le symbolisme hermétique dans ses rapports avec l’art sacré et l’ésotérisme du Grand Œuvre » (Paris, 1930) chez Jean Schémit, libraire et éditeur.
Fulcanelli aurait également été impliqué dans des projets scientifiques secrets et aurait eu des relations avec des personnalités importantes de l’époque tel que Pierre et Marie Curie. Cependant, la véritable identité de Fulcanelli est inconnue, et certains ont suggéré qu’il pourrait être un pseudonyme utilisé par plusieurs auteurs ou même un personnage fictif créé pour représenter l’essence de l’alchimie et de l’hermétisme.
Fulcanelli ne fait pas spécifiquement référence à Vitré dans son ouvrage « Les Demeures Philosophales », mais il décrit en détail la symbolique alchimique des châteaux et des demeures, en expliquant comment ces bâtiments ont été construits pour refléter les principes fondamentaux de l’alchimie. Il utilise notamment l’exemple d’une porte de maison, rue notre-Dame, du XVe siècle, illustré par Julien Champagne sur la planche XI de l’édition originale des Demeures Philosophales (voir l’image d’en-tête).
Il explique que les bâtiments comportent souvent des motifs décoratifs en rapport avec l’alchimie, tels que les motifs de coquilles et de volutes qui symbolisent le mouvement de la matière. En somme, il ne mentionne pas spécifiquement Vitré dans « Les Demeures Philosophales », mais il décrit comment les demeures, y compris les châteaux, peuvent être considérées comme des expressions matérielles des principes alchimiques, utilisant des motifs et des symboles pour refléter la quête de la pierre philosophale.
Voici une photo récente, prise par moi-même, de cette « porte de maison » à Vitré en Ille-et-Vilaine (35) :

Or, il ne s’agit pas d’une « porte de maison » comme mentionné par Fulcanelli mais d’une porte qui se situe dans la tour Saint-Laurent du château de Vitré.
Celui-ci est un château médiéval qui a été construit au XIe siècle et a été modifié plusieurs fois au cours des siècles suivants. L’une des structures les plus intéressantes du château est justement cette fameuse tour Saint-Laurent, qui est une tour à quatre étages située sur la partie nord-ouest du château.
Il est intéressant de noter que la restauration a été faite par Denis Darcy, disciple de Eugène Viollet-le-Duc. Celui-ci était membre de la Commission des Monuments historiques et a été impliqué dans les travaux de restauration du château de Vitré, ainsi que d’autres monuments historiques en France.
Denis Darcy a travaillé sur les plans de restauration du château de Vitré durant la seconde moitié du XIXème sicle. Les plans de restauration de Darcy ont été basés sur des recherches approfondies sur l’histoire et l’architecture du château.
La restauration du château de Vitré a été réalisée dans le respect des caractéristiques originales de la structure, avec une attention particulière portée aux détails historiques. Les travaux ont été achevés en 1874 et le château a été ouvert au public en 1888.
Sur cette photo on peut y voir la construction initiale en schiste pourpre (partie basse de la tour) tandis que sa partie restaurée est en granite (partie haute de la tour) :

La tour Saint-Laurent a été construite au XIVe siècle et a été utilisée à des fins défensives pendant de nombreuses années. Elle est dotée d’un certain nombre de caractéristiques intéressantes, notamment des créneaux, des meurtrières et des archères, qui lui ont permis de servir de poste de guet et de défense contre les attaques ennemies. Au fil du temps, la tour Saint-Laurent a été utilisée à d’autres fins. Au XIXe siècle, elle a été transformée en une salle de bal, et aujourd’hui, elle abrite un musée consacré à l’histoire de la ville de Vitré et de la région environnante. La tour Saint-Laurent témoigne de l’importance historique et culturelle du château de Vitré.
En revanche la rue Notre-Dame permet de relier ce dit château avec l’église Notre-Dame de Vitré :

Voici une image satellite permettant de constater le positionnement géographique de ces monuments et de la rue en question :

On peut constater que la rue Notre-Dame relie l’église et le château par un axe parfaitement Est-Ouest marquant ainsi les équinoxes. Celui de printemps le 21 mars et celui d’automne, le 22 septembre. Symboliquement le château est masculin tandis que l’église est féminine, puisque dédiée à Notre-Dame.
La planche XI des « Demeures Philosophales » de Fulcanelli figure au chapitre intitulé : Le mythe alchimique d’Adam et Eve
Le château serait-il Adam et Notre-Dame, Ève ?
Nous reproduisons ici une page de l’ Œuvre qui suit cette planche

« Notons en passant, que les scènes laïques de la tentation sont conformes à celle de l’iconographie religieuse. Adam et Eve s’y voient toujours séparés par le tronc de l’arbre paradisiaque. Dans la majorité des cas, le serpent, enroulé autour du tronc, est figuré avec une tête humaine…
C’est également une tête féminine qu’expose le serpent de Vitré, sculpté sur l’arc en accolade d’une jolie porte du XVème siècle, rue Notre Dame (pl. XI)…
Adamus, nom latin d’Adam, signifie fait de terre rouge; c’est le premier être de nature, le seul d’entre les créatures humaines qui ait été doué des deux natures de l’androgyne. Nous pouvons donc le considérer, au point de vue hermétique, comme la matière basique jointe à l’esprit dans l’unité même de la substance crée, immortelle et perdurable. Mais dès que Dieu, selon la tradition mosaïque, fit naître la femme en individualisant, dans des corps distincts et séparés, ces natures primitivement associées en un corps unique, le premier Adam dut s’effacer, se spécifia en perdant sa constitution originelle et devint le second Adam, imparfait et mortel…
Ainsi apprenons-nous que le soufre et le mercure, principes générateurs des métaux, ne furent à l’origine qu’une seule et même matière; car ce n’est que plus tard qu’ils acquirent leur individualité spécifique et la conservèrent dans les composés issus de leur union. Et quoique celle-ci soit maintenue par une puissante cohésion, l’art peut néanmoins la rompre et isoler le souffre et le mercure sous la forme qui leur est particulière. Le soufre, principe actif, est désigné symboliquement par le second Adam, et le mercure, élément passif, par sa femme Eve. »
