
Avant d’entrer dans le vif du sujet qui nous intéresse, voici un bref historique :
Au cours du Xe siècle ou au début du siècle suivant, Riwallon le Vicaire, l’un des chevaliers du duc Geoffroi Ier, a construit le premier château. À cette époque, le château, alors en bois, occupait l’emplacement actuel de l’église Sainte-Croix. C’était plutôt une motte féodale qu’un véritable château d’ailleurs. Plus tard, au milieu du XIe siècle, le fils de Riwallon, Robert Ier, a édifié un deuxième château sur le site actuel, qui était composé d’un simple donjon. Ce donjon a été remplacé au début du XIIIe siècle par une forteresse beaucoup plus grande et de forme triangulaire. Aujourd’hui, il ne reste que quelques courtines et la base de la tour au Véel de cette forteresse. La forteresse a été reconstruite sur le même plan au XIVe et au XVe siècles.

Bien sûr les châteaux avec un plan triangulaire sont conçus pour maximiser la défense en fournissant une vue dégagée et une portée de tir sur tous les angles d’attaque possibles. Cela permet de diviser les murs du château en trois faces principales, chacune faisant face à un angle différent. Cela permet aux défenseurs de tirer sur les ennemis qui approchent de n’importe quelle direction, tandis que les murs eux-mêmes sont plus difficiles à endommager car ils sont plus courts. Enfin, la forme triangulaire permet de concentrer les défenseurs au centre du château, où ils peuvent facilement se déplacer pour renforcer les points faibles de la défense.
Mais est-ce seulement pour une raison défensive que l’on adopte ce type de plan ? Ce que nous allons montrer apporte des éléments symboliques à cette forme triangulaire.
D’abord une vue satellite du château de Vitré en image d’en-tête avec le traçage du plan triangulaire formé par les trois tours, tour Saint-Laurent, tour de la Magdeleine, et la tour de Montafilan :
Nous pouvons remarquer que ce triangle est un triangle isocèle(*1). En effet la mesure entre la tour Saint-Laurent et la tour de la Magdeleine est la même que celle entre la tour Saint-Laurent et la tour de Montafilan.
Ainsi, nous pouvons déterminer le centre géométrique de cette structure en traçant les médiatrices(*2) du dit triangle :
*1 – Un triangle isocèle est un triangle particulier qui a deux côtés de même mesure. Il a un axe de symétrie.
*2 – Droite perpendiculaire à un segment en son milieu.

Le centre géométrique se situe devant le grand escalier situé dans la haute cour du château :

Nous avons vu dans la première partie que la rue Notre-Dame permet de relier le château de Vitré à l’église Notre-Dame par un axe orienté Est/Ouest. Voici cette magnifique église vu depuis la tour Saint-Laurent :

Sa construction a commencé au XIe siècle et s’est étalée sur plusieurs siècles, jusqu’à sa consécration en 1572.
L’église est de style gothique bien que l’on devine l’inspiration romane de ses premières heures et possède une façade richement décorée. Elle a subi des modifications et des ajouts au fil des siècles, y compris l’ajout d’une tour en 1547 et la reconstruction de la sacristie en 1762.
Pendant la Révolution française, l’église a été utilisée comme prison et dépôt de munitions. Au cours du 19ème siècle, l’église a été restaurée et embellie, avec l’ajout de nouveaux éléments décoratifs. Particulièrement les vitraux.
Parmi les éléments les plus remarquables de l’église, on peut citer la chaire extérieure datée du 16ème siècle, qui est ornée de sculptures représentant des figures bibliques et des scènes de la vie de Jésus-Christ.
L’intérieur de l’église est également impressionnant, avec de nombreux éléments décoratifs, tels que des sculptures et des fresques murales.
Lorsque l’on regarde Notre-Dame de Vitré depuis le ciel, grâce aux outils géo-spatiaux tel que le logiciel Google-Earth, nous pouvons constater que l’église n’est pas tout à fait orienté d’Est en Ouest comme cela est mentionné dans les textes. En revanche son axe vise parfaitement le centre géométrique du château de Vitré que nous avons tracé précédemment !



Selon Fulcanelli, le triangle est un symbole important dans l’alchimie, représentant les trois principes de la matière : le soufre, le mercure et le sel.
En outre, le triangle peut également représenter la Trinité chrétienne, ainsi que d’autres concepts triadiques ou ternaires dans la philosophie et la spiritualité. C’est donc un symbole riche en significations et en interprétations, qui a été utilisé par de nombreuses traditions à travers les âges.
Ce symbolisme est confirmé par un détail de la cuve de la chaire extérieure de l’église Notre-Dame de Vitré où l’on peut voir la figuration de la trinité chrétienne. Le Père est considéré comme le créateur de l’univers, le Fils (Jésus-Christ) comme le sauveur de l’humanité et le Saint-Esprit comme la force divine qui guide et inspire les croyants. Ensemble, les trois personnes de la Trinité sont considérées comme formant une unité divine. Elle est considérée comme étant l’un des mystères centraux de la foi chrétienne, car elle exprime la conviction que Dieu est à la fois un et trois à la fois, une vérité qui transcende la compréhension humaine.

Selon Fulcanelli, le nombre un représente l’unité primordiale, l’essence de l’univers, qui est à la fois immobile et immuable. Le nombre trois, quant à lui, représente l’harmonie et la manifestation de cette unité primordiale dans le monde matériel.
Il considérait que l’union du un et du trois était essentielle pour atteindre la pierre philosophale, qui symbolise la transformation spirituelle et la connaissance ultime en alchimie.
