. Géométrie des Menhir du Sel-de-Bretagne

La commune du Sel-de-Bretagne, située au sud du département d’Ille-et-Vilaine (35) en Bretagne, est à une vingtaine de kilomètres à vol d’oiseau de Rennes. C’est une localité riche en histoire et en traditions. Son nom provient de l’activité économique principale qui était autrefois la production de sel, une ressource très prisée dans l’Antiquité et le Moyen Âge.

Le nom de la localité est attesté sous la forme Parochia de Sello aux XIIIe et XVIe siècles, Le Sel début 1967. Le Sel devient Le Sel-de-Bretagne le 3 décembre 1967. *1

Au Moyen Âge, la ville était un centre important pour l’extraction et la commercialisation du sel. Les habitants de la commune avaient développé une expertise dans ce domaine et la production de sel était une source de richesse pour la région. La commune du Sel-de-Bretagne possède également une vieille voie gallo-romaine appelée « chemin des Saulniers ». Cette voie était autrefois empruntée par les contrebandiers qui transportaient frauduleusement le sel. En effet, le sel provenant des marais salants de Guérande et Saillé était exempté de l’impôt sur la gabelle en Bretagne, mais était frappé de droits élevés dans le Maine. Les contrebandiers acheminaient donc le sel par voie d’eau (la Vilaine) jusqu’à Messac, pour ensuite le rediriger vers l’Anjou ou le Maine en empruntant le chemin des Saulniers.

Celui-ci est long de 14 km, et est aujourd’hui un sentier de randonnée qui permet de découvrir les vestiges historiques de la voie antique, ainsi que les paysages vallonnés et boisés de la région.

*1 – « Étymologie et Histoire de Modification de Le Sel-de-Bretagne » , sur infobretagne

La commune possède deux magnifiques mégalithes (cf. image d’en-tête), Les menhir du Champ de la Pierre (en premier plan) et menhir du Champ Horel (en second plan).

Le plus petit menhir, celui nommé « menhir du Champ Horel », est un monolithe de quartz de 2,18m de hauteur. Le plus grand, nommé le « menhir du Champ de la Pierre » est en schiste pourpre, et mesure 2,78m dans sa plus grande hauteur. Celui-ci à la particularité d’avoir ses deux plus grandes faces parfaitement orientées vers l’Est et vers l’Ouest. C’est à dire vers le lever de soleil le jour de l’équinoxe de printemps, autour du 21 mars, et celui d’automne, autour du 22 septembre.

Voici une observation du coucher de soleil pour l’Équinoxe de printemps du 20 mars 2023 :

La forme particulière de cette pierre laisse penser que l’on pouvait voir le soleil comme rouler le long de l’arrondie de la pierre, lors de son lever. L’horizon de ce côté-ci (vers l’Est donc) n’étant pas bien dégagé, je ne peux pas vous le montrer malheureusement. Cependant ce n’est pas le cas. En effet, l’arrondie de la pierre tourne vers le Nord et non vers le Sud.

Sur ces photos, le soleil va continuer de descendre légèrement sur l’horizon et vient se cacher derrière le centre de cette pierre.

Mais cela ne s’arrête pas là ! En effet à 6,1 km du site mégalithique, se trouve un autre magnifique menhir, situé sur la commune de Janzé. Celui-ci se nomme La Pierre aux Fées.

La Pierre aux Fées, Janzé en Ille-et-Vilaine (35)

Cette immense pierre dressée est en schiste pourpré également, et mesure plus de 4m de hauteur ! Son sommet a été débité, ce qui fait qu’a son apogée il était encore bien plus imposant. A noter qu’à 70m de ce menhir , existait un autre très grand menhir de 4,3m de hauteur, en schiste pourpré, détruit avant 1922 malheureusement. *1

*1 – « Les Mégalithes du département d’Ille-et-Vilaine », Jacques Briard, Loïc Langouët et Yvan Onnée

Or si je trace une ligne depuis ce menhir vers le menhir du Champ de la Pierre, sur le logiciel géospatial Google Earth, cela me donne une orientation de 243,44° par rapport au Nord géographique. Pour connaître cette orientation par rapport à l’axe Est/Ouest je dois soustraire 243,44° à 270° : 270°-243,44° =26,56° !

C’est à dire la pente d’un rectangle de rapport 1 sur 2, un BICARRÉ ! Nous pouvons donc tracer ce bicarré sur le paysage comme suit :

De plus la face du côté Ouest de notre menhir de la Pierre des Fées, semble parfaitement orientée face au menhir du Sel de Bretagne et vient appuyer encore plus cette relation :

Sur cette image, l’orientation donnée est de 64°. Pour faire demi-tour, direction le menhir du Sel de Bretagne il faut donc ajouter 180°. Soit 64° + 180° = 244°.

Ainsi nous retrouvons bien notre axe selon la pente d’un BICARRÉ !

A cette latitude cette orientation n’est pas un hasard.

Axe de la Lune

La Lune est notre satellite naturel. Dans notre ciel terrestre, elle apparaît quasi exactement de la même taille que le Soleil. Ce phénomène qui nous parait tout à fait banal est le résultat d’une extraordinaire « coïncidence ». En effet la Lune est 400 fois plus petite que le Soleil, mais 400 fois plus proche de la Terre que la Terre ne l’est du Soleil. Notre plus proche voisine est donc aussi importante dans la vie sur Terre que ne l’est le Soleil et prend autant de place dans notre ciel. Ainsi, ces deux astres rythment la vie des Hommes.

Son cycle d’oscillation entre son point haut maximal par rapport au plan de l’écliptique et son point bas maximal est à l’origine des éclipses. Le plan de l’orbite de la Lune tourne lentement et met 18,6 ans pour faire un tour complet. On peut dire qu’il fait une précession mais ne bascule pas, il reste toujours incliné à environ 5,1° par rapport au plan de l’écliptique. C’est la raison pour laquelle il n’y a pas d’éclipse de Lune ou de Soleil à chaque pleine Lune ou chaque nouvelle Lune.

Nous appelons ce cycle, le cycle de déclinaison de la Lune.

Voici un schéma de ce mouvement vu depuis la Terre, ce qui introduit de la verticalité à l’esprit humain, à travers l’expérience du corps qui se retrouve placé entre le haut et le bas, le Ciel et la terre.

Précisons qu’il y a 6 mois qui sépare l’observation de la déclinaison maximale autour du solstice d’été avec celle du solstice d’hiver. Idem pour l’observation de la déclinaison minimale entre le solstice d’été et celui d’hiver. Les meilleures conditions d’observation se font lorsque la Lune est pleine, au plus loin du Soleil.

Nous pouvons voir que le déplacement de la Lune sur l’horizon lors de sa déclinaison maximale est de 45° par rapport à l’axe Est/Ouest tandis que lors de sa déclinaison minimale, il est de 26,56°.

Autrement dit notre axe que nous avons tracé entre le menhir dit « La Pierre aux Fées » et le menhir dit « Champ de la Pierre » correspond au cycle de déclinaison minimale de la Lune tous les 18,6 ans !

En revanche, il n’y a pas visibilité entre les deux sites. ce qui empêche l’observation de ce phénomène astronomique depuis ces sites.

Coupe topographique entre le menhir de Janzé et celui du Sel-de-Bretagne