
La photo d’en-tête a été prise sur un site mégalithique situé sur la petite commune de Campel en Ille-et-Vilaine (35). Campel est une ancienne commune française qui est devenue commune déléguée de Val-d’Anast le 1er janvier 2017.

Il ne reste qu’un seul menhir debout sur le site. Celui-ci a une cassure et sa hauteur est réduite suite à une tentative de débitage. Il mesure aujourd’hui 3,90 m mais mesurait environ 5 m à l’origine ! Il est en quartzite.

Subsiste le reste d’un autre menhir tout près de celui-ci, qui jadis était un majestueux menhir de 6 m de hauteur ! Nous avons donc là, deux très grands menhirs ! Malgré l’apparence chaotique du site mégalithique dans son ensemble, il devait avoir une très grande importance.

Aussi nous retrouvons de nombreux blocs de grès aux alentours, notamment des blocs qui semblent correspondre à des enceintes mégalithiques.
D’autres blocs sont visibles dans le talus, non loin des autres menhirs du secteur.
Le menhir qui est resté miraculeusement debout, a la particularité d’avoir ses deux grandes faces parfaitement orientées sur l’axe Est/Ouest. C’est à dire vers le lever ou le coucher de soleil lors de l’équinoxe de printemps ou celui d’automne.


D’abord nous avons fait des relevés à l’aide d’outils de géolocalisation très précis sur place puis nous avons utilisé des outils disponibles sur Internet tel que Géoportail de L’IGN et Google Earth.
L’ancien moulin de ce lieu permet de se repérer facilement dans l’espace. En effet le menhir est plein Sud de celui-ci comme nous pouvons le voir sur cette photo. Rappelons que l’azimut est l’angle par rapport au Nord, ici géographique, donné dans le sens des aiguilles d’une montre. Ainsi l’Est correspond à 90°, le Sud à 180°, L’Ouest à 270° et le Nord à 360° ou 0°. Les outils géo-spatiaux permettent de vérifier la valeur de l’angle avec une précision d’un centième de degré !
Cette orientation vers le lever de soleil au moment des équinoxes, nous a donné envie de tracer cet axe pour voir si cela vise un endroit particulier.





Cette ligne vise exactement le dolmen dit de la Roche-aux-Fées situé en Essé (35) avec un azimut de 90°.
Le jour de l’équinoxe, lorsque nous nous trouvons dos au menhir de la lande du Rocher, le soleil se lève exactement vers le plus grand dolmen de France !
De plus nous retrouvons près de cette ligne, deux menhirs, le menhir nommé dent de Gargantua situé sur la commune de Bourg-des-Comptes et le menhir de Crévin. Notons que ces deux menhirs ne sont pas exactement sur la ligne, mais nous les signalons, car à ces endroits, particulièrement à Bourg-des-Comptes, des monuments ont été détruits. Notamment l’alignement « Les Pierres Blanches » détruit par l’implantation d’une maison de repos*1. Nous supposons que leur emplacement proche de la ligne n’est pas un hasard et que, jadis, des monuments détruits pouvaient se trouver ici.
*1 Jacques Briard, Loïc Langouët et Yvan Onnée, Les mégalithes du département d’Ille-et-Vilaine, 2004, p24
Une seconde ligne
Le première ligne va du menhir de Campel au dolmen de la Roche-aux-Fées sur un axe équinoxial parfait, comme nous venons de le voir. La seconde relie ce même menhir à un site mégalithique situé à Messac (35) qui se compose de plusieurs menhirs, peut-être le reste d’un alignement, nommés menhirs des grées ou menhirs du domaine des grées.
Le plus grand menhir (A) est en quartzite, c’est à dire la même nature de roche que celui de Campel, et mesure 3,60 m. A soixante mètres de ce menhir se trouve deux autres menhirs (B et C) mesurant 1,50 m et 1,90 m, en quartzite également.
En plus de ces trois menhirs, un quatrième existait près du plus grand menhir et entre celui-ci et les deux autres.*2
Enfin, pour terminer notre bref description de ce site, une allée couverte fut détruite en 1970 qui, selon « les mégalithes du département d’Ille-et-Vilaine », se situait à 300 mètres au Nord-Est des menhirs précèdent.
*2 Jacques Briard, Loïc Langouët et Yvan Onnée, Les mégalithes du département d’Ille-et-Vilaine, 2004, p62


Là encore, la précision du tracé de cette ligne est stupéfiante. Sur Google Earth, la direction de cette ligne est de 126,87° par rapport au Nord géographique. Pour connaître cette orientation en fonction de l’axe Est-Ouest, nous effectuons un petit calcul : 126,87° – 90° = 36,87° !

Or 36,87° n’est pas un hasard, cela correspond, au centième de degrés près, à la pente du premier triplet pythagoricien, le triangle 3-4-5 ! Nous avons donc tracé ce triangle sur le paysage :

Mais cela ne s’arrête pas là ! Cette orientation correspond au lever de soleil lors du solstice d’hiver, autour du 21 décembre.
C’est la journée la plus courte de l’année. Ce jour là, le soleil atteint son extrémité Sud sur l’horizon. A partir de ce moment les jours se rallongent, et au fur à mesure, le Soleil remonte vers le Nord, lors de ses levers, pour revenir à notre point de départ : le tracé équinoxial qui vise la Roche-aux-Fées, autour du 21 mars ! Ce mouvement du Soleil se fait autour ce cette ligne Est-Ouest. Ainsi, l’observation de ce mouvement permet la relation de l’esprit au cosmos. Ces relations géométriques permettent donc de relier l’espace-temps et confère une nature sacrée à ce lieu et ces monuments.
En revanche cette ligne ne pointe pas directement sur les menhirs du domaine des Grées, mais plutôt entre ces menhirs comme nous pouvons le constater sur cette vue satellite :

Cependant, lors de notre visite sur le site, nous avons prospecté à cet endroit.
D’abord une petite butte de terre a attiré notre regard. Ensuite qu’elle n’a pas été notre surprise de retrouver, caché derrière cette butte, camouflé dans les broussailles, un menhir en quartzite en contre-bas ! Exactement à l’emplacement que nous attendions, sur la ligne à 126,87° depuis le Nord géographique, c’est à dire sur la pente de notre triangle 3-4-5 depuis le menhir de Campel !
Est-ce le menhir disparu mentionné par L. Collin , relayé dans le livre sur les mégalithes du département d’Ille-et-Vilaine ? Nous ne le savons pas. Toujours est-il que sa découverte fût possible grâce à la géométrie !


Une troisième ligne
Nous nous sommes également intéressés à un site particulier au lieu-dit « Le Clédy », toujours sur la commune de Messac (35), et tout proche du site mégalithique du domaine des Grées. Il s’agit de trois roches à cupules, dont une inaccessible dans la Vilaine.



La troisième ligne relie le menhir des Grées C à ces roches sur un axe de 71,56° par rapport au Nord géographique :



Pour connaître cette orientation par rapport à l’axe Est-Ouest,petit calcul : 90° – 71,56° = 18,44°
Or cette orientation, encore une fois, ne tient pas du hasard. En effet, elle correspond à la pente d’un rectangle de rapport un sur trois, un triple carré positionné sur les axes cardinaux.

18,435° est la moitié de l’angle solsticial, vu précédemment, de 36,87°.
Cette direction correspond au lever du Soleil ☀ le 21 avril, 30 jours après l’équinoxe de printemps. Cette date marque le début du signe du Taureau ♉.
C’est exactement la même direction que les files d’alignements de Carnac, sur la section Ouest du Menec.*1
Nous découvrons ainsi, une manière de diviser l’année selon un calendrier astro-géométrique.
Ce lieu favorise l’harmonisation de l’espace-temps selon les normes esthétiques établies par la géométrie. Voici donc ce qu’est la Géométrie Sacrée.
*1 Howard Crowhurst, La Science des Anciens, tome 1 : Carnac, 2015, p24